[Psycho] S’expatrier et faire face à la pression : bilan du match !

La pression, vous connaissez ? Non non, pas celle qui mousse (celle-là, je l’aime bien) : l’AUTRE !!!! Bienvenue au Club… 😦

expat-pression-boisson

Je parle bien sûr de la pression sociale, psychologique, familiale… Celle qu’on fuit comme la peste, celle qui donne mauvaise conscience, celle qui nous fait ronger les ongles, avoir mal au ventre, passer des nuits blanches, et dépenser des dizaines d’euros en ostéo-masso-et-compagnie (si tu présentes les 4 derniers symptômes, tu mérites une place au Conseil d’Administration du club). 😉

Quelle qu’en soit la source, cette pression disparaît-elle suite à une expatriation ?

Expat - La pression sociale

1- L’AVANT-EXPATRIATION

En ce qui me concerne, avant de m’expatrier, elle était déjà là et se conjuguait à tous les pronoms personnels :

  • Première coupable, JE me mettais la pression : jeune-cadre-pleine-aux-as-en-tailleur-talons-qui-passe-sa-vie-dans-sa-belle-voiture-de-fonction-MAIS-qui-déteste-son-boulot-et-qui-se-contrefout-des-tailleurs-et-des-belles-voitures, 30 ans, pas mariée, sans passion ni enfants, déprimée par la vie parisienne et la routine, hantée tous les matins par la question suivante : que devrais-je faire pour être vraiment heureuse ?
  • TOI aussi, la société française, TU me mettais la pression : au dessus de ma tête (qui rêvait de plaquer mon job d’épanouissement et de changement professionnels) pendait TON épée de Damoclès. D’avance je connaissais TON jugement sans appel : « Reconversion = échec = montrée du doigt ».
  • LUI (mon mec), passionné par la musique et l’enseignement, me mettait inconsciemment la pression. Je le jalousais d’avoir trouvé sa voie et de vivre de sa passion (heureux musicien et prof de musique). Moi j’enchaînais les hobbies, désespérément à la recherche d’une passion.

NB : j’ai longtemps cru à mes « talents » manuels et je profite de l’occasion pour m’excuser auprès des personnes rencontrées durant ma période « Arts créatifs ». J’autorise officiellement toutes les victimes de mes cadeaux (diverses oeuvres de peinture sur verre, scrapbooking, bougies, colliers, mosaïque) à les jeter sans état d’âme : vous avez ma bénédiction ! 😀 ).

Expatriation - Fuir la pression

  • Dans la série « Qu’est-ce qu’on va devenir ? », mon conjoint et moi, NOUS avions des conversations stériles et stressantes : « Où devrait-on s’installer ? À la campagne, c’est plus zen… Oui, mais à la ville y a du boulot… Dans un appart alors, sinon on peut pas payer… Mais ça, ça veut dire sans jardin ?!  » Etc…  #BrefCétaitPasGagné
  • Avec VOUS, les amis, votre première maison, vos belles voitures familiales et vos p’tits bébés, je sentais bien l’écart se creuser (et la pression monter, monter…).
  • Quant à EUX, qu’on avait surnommés les « potentiels » (grands-parents), je n’osais plus aller les voir, sous peine de me sentir égoïste et coupable de ne
    pas vouloir me « reproduire » à court terme… Mon équipe (oui, à 2, on forme une équipe Môsieur) avait gagné la première manche (= pas de mariage), mais ILS comptaient bien gagner la guerre… de la descendance ! 😉

Expatriation - Pression

Bref, pression, pression, pression… qui inconsciemment m’étouffait, m’accablait, me pétrifiait, m’empêchait d’avancer… et d’être tout simplement moi.

Mais soudain, un miracle a eu lieu : lorsque l’idée de partir vivre à l’étranger a germé, et que les démarches pour y parvenir ont suivi, l’excitation a pris le dessus sur mes doutes, sur mes questionnements, et sur toutes ces pressions devenues soudain ultra-légères, secondaires, futiles.

Une nouvelle vie m’attendait, avec de nouveaux challenges, de nouvelles têtes, une Aventure avec un grand A. Joie, bonheur, jubilation, excitation = HALLELUIAH !!!! 😀

Expatriation en Espagne : c'est pas si facile...

Loin de ma patrie, de mes proches et du qu’en dira-t-on, j’allais enfin pouvoir ÊTRE MOI, ne plus redouter d’être jugée, et d’être enfin libre de :

  • faire la boulot de mes rêves (bon, aurait-il fallu que je susse lequel, mais on verrait ça plus tard 😉 )
  • me trouver une passion (j’en ai eu 2 pour le prix d’1 : le voyage et l’écriture)
  • fréquenter des personnes égoïstes comme nous (= sans enfants)
  • m’habiller comme j’aime (bienvenue à Babosland)
  • ne plus avoir de voiture (je m’en suis passée pendant 4 ans*)
  • dire adieu au-revoir au téléphone portable (j’ai tenu 10 ans SANS*… )

* J’ai envoyé ma candidature à ce sujet au Livre des Records, sait-on jamais. Ça mériterait bien un prix, non ? En revanche, inutile de me demander comment j’ai fait pour m’en passer aussi longtemps :  je ne sais vraiment pas… (j’ai rechuté depuis !) 😉

2- DURANT L’EXPATRIATION

Je sens la question qui vous brûle les lèvres : l’expatriation libère donc de toute pression ?

Je l’ai cru au début… En posant le pied sur ma nouvelle terre (canadienne, en l’occurrence), une vague de soulagement m’a en effet envahie instantanément.

Mes compatriotes et mes proches n’étant plus là au quotidien pour me rappeler mes « tares » et mon côté anormal « hors cadre », je me sentais comme Max (mais j’avais quand même l’air plus heureuse que le chanteur ! ).

Bye bye la pression, à moi la liberté d’actes et de pensée !!!

Malheureusement je me mettais le doigt dans l’oeil, car cette période d’insouciance n’a été que de courte durée… 😦

En effet la pression a eu vite fait de me rattraper, mais sous de nouvelles formes (non seulement elle est omniprésente, mais en plus elle est vicieuse…).

Parée de mon nouveau statut d’expatriée, je me suis sentie obligée de coller à l’image « vie d’expat = vie de rêve ». Pour mériter cet élogieux statut d’expat, je me suis donc investie de nouveaux devoirs, qui consistaient à :

  • Trouver du travail rapidement, et si possible, qui fasse rêver.
  • Transpirer le bonheur (= simuler), même si j’étais en plein coup de blues, histoire de ne pas inquiéter les « potentiels » (si tu ne comprends pas à qui je fais allusion, concentre-toi et reprends du début).
  • Dénicher des coins incroyables (pour faire aimer à mes proches mon pays d’adoption, et si possible leur en mettre plein la vue)
  • Me fondre dans le paysage local (langue / langage, coutumes, réseau social, etc.) pour prouver ma faculté d’adaptation et d’intégration.

Rien que ça : facile non ?

Expatriation - Face à la pression

Selon moi, c’est l’un des paradoxes de l’expatrié : il est publiquement reconnu, admiré et envié pour sa liberté et son courage, MAIS il est insidieusement lié par le devoir de réussite. (Dans la famille « masochiste »,  je voudrais l’expat…)

Sans oublier qu’outre la pression qu’il « s’auto-inflige », l’expat’ subit doublement la pression sociale : celle de ses compatriotes, et celle de sa nouvelle terre d’accueil. J’appelle ça le double effet Kiss(ExpatPas)Cool. 😉

Bref, tu l’auras compris : bienvenue au Club de la « PRESSION », celle qui t’oppresse (mais qui ne mousse pas). Rien ne sert de la fuir : elle te rattrapera !

Oups, je sens d’ici une montée de stress chez certains futurs expatriés et une perte de lecteurs déçus : ATTENDEZ les gars, revenez, n’ayez pas peur !!!

Peur de s'expatrier

Le but du jeu, c’est de dépasser cette pression.

Pour cela, il faut tout simplement être soi, être prêt mentalement à surmonter quelques difficultés, et surtout accepter que la vie à l’étranger ne soit pas parfaite et ne corresponde pas à la vision idéaliste que l’on se fait de l’expatriation.

Bon, c’est pas facile, et ce n’est pas instantané, mais c’est possible ! Personnellement,  j’ai réussi à me débarrasser du lourd fardeau de cette pression depuis quelques mois seulement. Exit l’image de la réussite, coûte que coûte. 

L’important, c’est d’être heureux, non ?

La « recette » pour me libérer de toute cette pression, c’est en m’expatriant que je l’ai trouvée (si j’étais restée en France, je serais encore en train de me morfondre à bord de ma belle voiture et engoncée dans mon tailleur, à attendre d’être enfin heureuse).

Cette étape de ma vie m’a en effet appris plein de choses, dont des enseignements très utiles : savoir lâcher prise, s’assumer, accepter l’échec, rebondir, s’auto-féliciter pour le chemin accompli et pour son propre courage.

Ça fait du bien à l’ego et ça m’a personnellement fait réaliser à quel point m’expatrier est la meilleure décision que j’aie prise dans ma vie.

Expatriation - Réaction de l'entourage

Bon, j’espère avoir ainsi rassuré les expats en herbe… 😀

Quant aux expats aguerris, votre opinion, votre propre expérience et vos astuces face à la pression seront plus que les bienvenues. N’hésitez pas à les partager en commentaire. 🙂

8 Comments

Ajouter un commentaire →

  1. Je me retrouve complètement dans ce post 🙂 !
    J’avais une situation stable, boulot bien payé, bonne vie sociale, mais au final rien ne me plaisait vraiment, je commençais à m’ennuyer … Du coup j’ai profité qu’on me « pousse » vers la porte de sortie pour tout plaquer et partir et tenter autre chose !
    Au départ j’avais vraiment hâte, surtout que j’ai déjà vécu une année à Montréal, mais cette fois ci contrairement à cette année (où j’avais un coussin confortable socialement et niveau emploi), je n’ai à peu prêt plus rien. Et avant même d’arriver, je commence à penser a un milliard de chose sur mon arrivé qui est dans 7 jours…
    Du coup j’ai toute la pression d’avant qui est partie et celle de l’expatriation qui arrive. Ce qui me rassure, c’est que ta façon de résoudre le problème est à peu prêt ce que je pensais faire 🙂

    J’aime

  2. L’ego c’est le plus difficile à gérer 😉 J ai fait un an à Montréal et c’est ma plus belle année. J’imagine que ce tu ressens « la pression » est un fait personnel. Peut être que partir, s’expatrier veut dire fuir quelque chose, et que chacun à ses propres raisons .

    J’aime

  3. Marie-Anne Comet janvier 29, 2016 — 5:38

    Cet article est un de mes préférés!! Et je confirme une chose: tu m’as bien soulée avec tes bougies moches et dégoulinantes et tes milliers de petits carreaux que je retrouvais partout sauf sur tes mosaïques!!!!!! 😉 Hihihihi Date: Thu, 28 Jan 2016 15:25:17 +0000 To: marieanne_comet@hotmail.com

    Aimé par 1 personne

  4. Punaise punaise that’s it je me reconnais tellement dans ton récit mais tellement! Je suis tombée par hasard sur ton blog et je vais m’y abonner illico presto ! Moi parisienne, trentenaire bla-bla-bla la pression ça me connaît et il m’a fallu du temps (du coup j’ai passé l’âge du pvt) pour me rendre compte que l’expatriation qui me trotte dans la tête depuis presque 6 ans bah quand faut y aller faut y aller!
    En tout cas SUPER reçit et je m’en vais lire tes autres aventures

    J’aime

Laisser un commentaire